En 2019, l’équipe rédactionnelle de Fréquence Terre publia un ouvrage portant le titre de Agir ou disparaître (Le Livre en Papier).
Quatre ans plus tard, Michel Joli, secrétaire général de la Fondation France-Libertés, vient de sortir l’essai Climat : de l’irréversible et du réparable aux Éditions L’Harmattan où l’on lit dans la préface cette phrase également cruciale : « Les humains ont à choisir entre disparaître ou changer de mode de vie. »
Certes, le Covid-19 fut révélateur de ce que l’auteur désigne comme « un ensemble d’arguments propres à renforcer la position de ceux qui, depuis des années, désignent en vain les vrais coupables et plaident dans le désert pour une modération de notre empreinte écologique et de nos emprunts à la nature », mais à voir l’hyperconsumérisme qui sévit à nouveau, n’est-il pas trop tard ?
Nos gouvernants, confirme Michel Joli, limitent leurs interventions de prévention, protection et neutralisation du risque à des techniques budgétaires d’un autre âge, les seules qu’ils connaissent.
À ces mesurettes classiques vient s’ajouter la dénonciation hypocrite des comportements individuels des citoyens auxquels le pouvoir reproche aujourd’hui le mode de vie qui leur a été dicté hier par le productivisme ambiant.
À vrai dire, l’humanité n’a qu’une seule stratégie à opérer : mettre un terme à l’effet de serre, c’est-à-dire stopper son mode de vie en excluant tout recours aux énergies fossiles.
La mondialisation « thermique » ignore les frontières et c’est la quasi-totalité de l’humanité qui pollue la planète et qui menace la globalité de l’humanité.
L’évolution de la température est un problème qui concerne indissolublement la totalité de l’humanité et ce ne sont pas des actions sporadiques menées avec succès ici et là, pour exemplaires qu’elles soient, qui vont changer grand-chose.
En somme, c’est une politique mondiale et proactive qui doit être menée.
Cependant, que faire quand les politiciens ne veulent pas affoler les citoyens afin de sauver la production économique, le président Macron, exemple caractéristique, snobant allègrement les lanceurs d’alerte climatique et les experts du GIEC en particulier.
Tout cela au nom du dogme du progrès infini et de l’imperium libéral.
Dans les chapitres qui suivent, Michel Joli évoque le silence criminel quant à la nocivité des énergies fossiles des Exxon, Shell, Elf, Total Énergies et de leurs actionnaires aux plantureux dividendes, le naufrage de l’éthique scientifique détournée au profit de la rentabilité économique, le déni politicien, obstiné climatoscepticisme qui profère : « Je ne veux pas savoir que je suis en danger et celui qui m’alarme est mon ennemi. »
C’est regarder ailleurs quand la maison brûle, ce que font trop d’intellectuels, philosophes, sociologues, remarque également l’auteur passablement documenté.
Une solution est proposée : faire payer les pollueurs par une réquisition de leurs activités au prix d’une radicale réorientation dans les secteurs non polluants.
En d’autres termes, tirer profit de la crise climatique pour opérer l’indispensable révolution nécessaire à la requalification de l’espèce humaine dans ses rapports avec la nature.
C’est aussi ce que Fréquence Terre préconise depuis vingt ans.
Illustration : dessin de Biron.