Louise des Ombrages… C’est l’histoire, imaginée par Yves Viollier, de la courte vie de Marie Renard, une peintre vendéenne retrouvée morte par suicide aux côtés de son père, en 1936.  Marie Renard est alors renommée Louise Bernard. Et l’immersion est frontale, dès les premières pages ; les cadavres de Louise et de son père Athanase sont retrouvés dans leur propriété des Ombrages, main dans la main.  Ils ont décidé de mettre un terme à leurs vies, s’asphyxiant à l’oxyde de carbone, en prenant soin de calfeutrer les portes et les fenêtres, et sont désormais unis pour l’éternité.  C’est à partir de cet événement que nous découvrons leur histoire, de la rencontre entre Athanase et Adrienne au tout début des années 1900, jusqu’à la fin tragique de cette famille, à peine trente ans plus tard.  Le choix du prénom du père n’est évidemment pas anodin. Pourtant, la Mort est très présente tout au long du récit, qu’il s’agisse des fausses couches d’Adrienne avant la naissance de Louise, des décès dans la famille, ou les autres, liés à la guerre ou à la peste espagnole.  La Vie, quant à elle, est montrée à travers Louise, la combattante. Alors que son père est parti à la guerre, Louise grandit avec sa mère et ses grands-parents aux Ombrages, avec toujours cette attente, impatiente, du retour d’Athanase.  Le talent de la jeune fille pour le dessin est très vite décelé par un artiste, qui s’occupera en partie de son éducation. Elle cumulera alors la peinture à son travail dans les marais, pour venir en aide à sa famille.  Les malheurs s’enchaînent même après la fin de la guerre. Louise accouche d’un petit garçon, de père inconnu, et être une fille-mère à cette époque est plutôt scandaleux.  Le double suicide n’arrangera rien. Le père et la fille n’auront pas droit à l’Eglise, ni à un enterrement digne de ce nom. Ils devront passer par la petite porte du cimetière, les cercueils hissés par-dessus un mur d’enceinte. Et les proches subiront la même humiliation.  Les rumeurs vont d’ailleurs bon train quant à ce choix de mort, et la raison restera un mystère jusqu’à la toute fin du roman.  Et, pour ma part, ce n’est qu’à ce moment-là que j’ai vraiment compris l’intérêt de cette histoire. J’ai sans doute été trompée par les premières pages, qui laissent penser à une possible intrigue policière.  Hors, il n’en est rien. Le récit ne fait que dépeindre, de manière assez pudique, la vie et surtout les liens de tous ces personnages, sans jamais tomber dans la facilité.  Il n’y a ici aucun voyeurisme, aucun épanchement, tout semble relaté plus que raconté, même la mort, pourtant dramatique.  On imagine très bien la quantité d’informations recueillies afin de créer cette histoire, tant les conditions de vie et de mort du début du vingtième siècle, dans cette région surnommée la Venise Verte, sont bien décrites.     Yves Viollier, originaire de Vendée, est l’auteur, prolifique, d’une trentaine de romans, dont plusieurs nous démontrent son amour de certains territoires de France.  Il désirait redonner vie à Marie Renard, et c’est un pari plus que réussi avec Louise des Ombrages, paru aux éditions Presses de la Cité.     Julie Tielemans pour Fréquence Terre.  <br />

Les livres de Julie • Fréquence Terre

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Louise des Ombrages de Yves Viollier

JUL 14, 2020-1 MIN
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Louise des Ombrages de Yves Viollier

JUL 14, 2020-1 MIN

Description

Louise des Ombrages – Yves Viollier / Editions Presses de la Cité.
Louise des Ombrages… C’est l’histoire, imaginée par Yves Viollier, de la courte vie de Marie Renard, une peintre vendéenne retrouvée morte par suicide aux côtés de son père, en 1936. Marie Renard est alors renommée Louise Bernard. Et l’immersion est frontale, dès les premières pages ; les cadavres de Louise et de son père Athanase sont retrouvés dans leur propriété des Ombrages, main dans la main. Ils ont décidé de mettre un terme à leurs vies, s’asphyxiant à l’oxyde de carbone, en prenant soin de calfeutrer les portes et les fenêtres, et sont désormais unis pour l’éternité. C’est à partir de cet événement que nous découvrons leur histoire, de la rencontre entre Athanase et Adrienne au tout début des années 1900, jusqu’à la fin tragique de cette famille, à peine trente ans plus tard. Le choix du prénom du père n’est évidemment pas anodin. Pourtant, la Mort est très présente tout au long du récit, qu’il s’agisse des fausses couches d’Adrienne avant la naissance de Louise, des décès dans la famille, ou les autres, liés à la guerre ou à la peste espagnole. La Vie, quant à elle, est montrée à travers Louise, la combattante. Alors que son père est parti à la guerre, Louise grandit avec sa mère et ses grands-parents aux Ombrages, avec toujours cette attente, impatiente, du retour d’Athanase. Le talent de la jeune fille pour le dessin est très vite décelé par un artiste, qui s’occupera en partie de son éducation. Elle cumulera alors la peinture à son travail dans les marais, pour venir en aide à sa famille. Les malheurs s’enchaînent même après la fin de la guerre. Louise accouche d’un petit garçon, de père inconnu, et être une fille-mère à cette époque est plutôt scandaleux. Le double suicide n’arrangera rien. Le père et la fille n’auront pas droit à l’Eglise, ni à un enterrement digne de ce nom. Ils devront passer par la petite porte du cimetière, les cercueils hissés par-dessus un mur d’enceinte. Et les proches subiront la même humiliation. Les rumeurs vont d’ailleurs bon train quant à ce choix de mort, et la raison restera un mystère jusqu’à la toute fin du roman. Et, pour ma part, ce n’est qu’à ce moment-là que j’ai vraiment compris l’intérêt de cette histoire. J’ai sans doute été trompée par les premières pages, qui laissent penser à une possible intrigue policière. Hors, il n’en est rien. Le récit ne fait que dépeindre, de manière assez pudique, la vie et surtout les liens de tous ces personnages, sans jamais tomber dans la facilité. Il n’y a ici aucun voyeurisme, aucun épanchement, tout semble relaté plus que raconté, même la mort, pourtant dramatique. On imagine très bien la quantité d’informations recueillies afin de créer cette histoire, tant les conditions de vie et de mort du début du vingtième siècle, dans cette région surnommée la Venise Verte, sont bien décrites.   Yves Viollier, originaire de Vendée, est l’auteur, prolifique, d’une trentaine de romans, dont plusieurs nous démontrent son amour de certains territoires de France. Il désirait redonner vie à Marie Renard, et c’est un pari plus que réussi avec Louise des Ombrages, paru aux éditions Presses de la Cité.   Julie Tielemans pour Fréquence Terre.