Pour quelques bulles de bonheur est ce qu’on appelle un roman Feel Good, le genre de roman à lire en toute légèreté, par exemple en bordure de plage ou de piscine, un cocktail à la main, pendant les vacances d’été. Il est vrai qu’il s’agit bien ici d’une petite tranche de vie, mettant en parallèle la vie de deux amies perdues de vue pendant leurs études, qui se retrouvent des années plus tard grâce aux réseaux sociaux. Pourtant, les thèmes abordés ne sont pas du tout Feel Good… Dès le début du récit, nous assistons à une scène d’accident de voiture, qui sera fatale pour les parents de Sabrina, alors adolescente. En quelques pages, on survole la suite de son malheur, son séjour en hôpital psychiatrique, son retour au lycée, le soutien de son amie Capucine. Après cela, l’auteur nous emmène immédiatement une vingtaine d’années plus tard, et nous apprenons que les deux amies ne se sont pas revues depuis lors, ne vivant plus dans le même pays. Tandis que Sabrina vit à Toulon, en prétendant se contenter de la compagnie de son chien et de son chat, et travaille comme serveuse dans un restaurant, Capucine quant à elle vit à Stockholm, avec son mari suédois et leurs trois magnifiques enfants, et est devenue illustratrice. Le personnage de Sabrina m’a semblé être quelque peu bâclé, alors que l’horreur qu’elle a vécue à l’adolescence aurait pu constituer une mine d’or pour créer une personnalité à part entière. C’est pourtant l’histoire de Capucine qui prend le dessus, de par sa réussite professionnelle et familiale, et puis évidemment par sa tragédie, son cancer du sein. On découvre avec elle la suspicion, les examens, les résultats, le choc qui tombe. Et puis l’opération, l’ablation d’un sein, la chimiothérapie, la radiothérapie, les problèmes que tout cela provoque au sein d’une famille, d’un couple. Tout y passe. D’ailleurs, tout cela est tellement bien décrit que c’en est assez difficile à encaisser. Parallèlement à cette histoire, la vie de Sabrina paraît vraiment simple et gentillette, alors qu’elle a son propre lot de cicatrices, certes émotionnelles, mais qui sont du coup reléguées au second plan. D’un autre côté, cette légèreté-là est presque nécessaire pour que le roman ne tombe pas dans le drame total et que l’on puisse souffler et sourire de temps en temps, et c’est plutôt bien joué de la part de l’auteur. Ne vous attendez pas, à la lecture de ce roman, à un grand retournement de situation, rien de ce genre. Parfois, juste une tranche de vie comme celle-ci fait du bien à lire, sans sombrer pour autant dans la facilité. Anne Michel – qui partage quelques traits avec le personnage de Sabrina – est l’auteur de Pour quelques bulles de bonheur. Il s’agit de son deuxième roman, paru aux éditions Presses de la Cité. Julie Tielemans pour Fréquence Terre