Les JMJ de Rio ont ouvert les jeunes brésiliens au monde
(RV) Entretien - Le Pape se rendra dans une quinzaine de jours en Corée du Sud à la rencontre des jeunes asiatiques. Ce voyage sera le 3° voyage de François à l’étranger. Le premier a eu lieu à Rio pour les Journées mondiales de la Jeunesse, il y a tout juste un an. Le Pape avait célébré l’eucharistie avec des milliers de jeunes. Cette communion a permis d’unifier la jeunesse chrétienne du pays, et surtout de l’ouvrir au reste de l’Eglise universelle.
En poste en Amazonie depuis 2002, Mgr Dominique You, l’évêque du diocèse de la Très Sainte Conception d’Araguaia, au nord du Brésil, a participé aux JMJ dans le cadre des catéchèses proposées chaque jour aux pèlerins. Un an après, il dresse un bilan. Il est interrogé par Christelle Pire 00:03:49:15
Combien de jeunes de votre diocèse ont participé aux JMJ ?
Notre diocèse s’est pas mal mobilisé et au-delà de nos espérances, nous sommes arrivés à emmener 150 jeunes, de 15 ans et plus. C’était pour eux un sacrifice financier important parce qu’il fallait qu’ils trouvent l’équivalent de deux salaires minimum mensuel : un pour payer l’inscription et un pour payer le voyage. Nous avons aussi eu l’occasion d’accueillir 150 jeunes français qui sont venus pour la semaine préparatoire à la journée mondiale de la jeunesse. C’était pour eux une expérience absolument inouïe. D’abord, parce que beaucoup d’entre eux n’étaient jamais sortis de l’Etat du Parà. Et subitement, ils se retrouvaient à 2500 km, à Rio de Janeiro. Ça a été une expérience ecclésiale très importante de pouvoir rencontrer des jeunes de toutes les nations et aussi de rencontrer autant de jeunes brésiliens. Ca a été fondamental.
Un an après, qu’est-ce qui a changé dans votre diocèse ?
Les jeunes ont créé une page Facebook sur laquelle ils partagent leurs réalisations, pour qu’elles soient connues et se répandent au sein des autres groupes de jeunes du diocèse. C’est pour nous très important parce qu’on avait des difficultés à unir les jeunes, qui forment des groupes parfois très différents. Cette page Facebook s’est considérablement développée avec des comptes-rendus de ce qu’ils ont fait au cours de l’année.
Est-ce que des actions particulières ont suivi la venue du Pape François au Brésil ?
Une première initiative du diocèse a été d’abord de répandre, jusque dans les collèges publics, un petit livre d’une douzaine de pages. On a divisé toutes les interventions du Pape François en petits comprimés de deux, trois ou quatre lignes. Ce livret, qu’on appelle « les pilules du Pape François », s'est répandu de façon extraordinaire. On en a distribué certainement 30.000 exemplaires.
Au niveau des groupes de jeunes, ce qui a été l’effet le plus visible, c'est le désir missionnaire, c’est-à-dire la volonté de sortir de nos sacristies-comme dit le Pape François- et aller à la rencontre des communautés. On est arrivé à former une quinzaine de jeunes, parmi les plus motivés, pour qu’ils multiplient cette formation d’évangélisateur dans les paroisses.
Quelle influence les JMJ ont-elles eu sur les jeunes de l’Église brésilienne ?
En réalité, ce qui me parait être un autre fruit de la journée mondiale de la jeunesse et peut-être ce qu’on attendait le plus, c’est une ouverture de leur mentalité catholique latino-américaine au reste de l’Église. Pour être sincère, je crois que dans les dernières années, l’Église latino-américaine a été très tournée vers elle-même. Si l’Église latino-américaine est appelée, dans les prochaines décades, à revêtir un rôle beaucoup plus moteur dans le reste de l’Église catholique universelle, il était urgent que la mentalité latino-américaine s’ouvre au reste des cultures. La personnalité du Pape François, d’une part et la présence de tous ces jeunes venus de tous ces continents représentent à mes yeux quelque chose de très important. Le résultat, c’est le désir de beaucoup d’entre eux d’aller à Cracovie pour la prochaine journée mondiale de la jeunesse, ce qui était complètement impensable il y a un an et demi.