Pierre Guelff
« Faites la guerre, puis seulement la paix », telle est la formule consacrée répétée à foison par les militaires, les industriels de l’armement, les nationalistes et les politiciens qui leur emboîtent le pas allègrement.
Sous le regard du célèbre « Ange souriant » sculpté au portail de la cathédrale de Reims, les passants foulent une plaque commémorative fixée dans le sol où l’on peut lire en français et en allemand une citation rappelant la visite de Charles de Gaulle et d’Adenauer, le 9 juillet 1962 : « Le chancelier Adenauer et moi-même venons dans votre cathédrale sceller la réconciliation de la France et de l’Allemagne. Signé : Charles de Gaulle. »
Dans une nef de ce magnifique lieu, fameusement restauré après les bombardements de la Seconde guerre mondiale, celle qui fit de 22 à 25 millions de morts militaires et de 37 à 54 millions de morts civils, des panneaux didactiques expliquent la genèse de cette réconciliation.
On y cite même un extrait du sermon de l’archevêque de Reims, François Marty : « Se tendre la main est bien, se tendre le cœur est mieux. La paix est engendrée au laboratoire d’amour, les minerais de ce laboratoire sont la justice et la charité. »
Hélas, pas le moindre commentaire n’apparait qui pourrait, peut-être, conscientiser les fidèles et visiteurs : « Et si tous ces décideurs avaient vraiment eu la volonté de faire la paix avant de se massacrer mutuellement, et par corollaire, faire des victimes dites pudiquement collatérales ? »
Assurément, la culture de la paix n’est pas encore inscrite dans les us et coutumes sociétaux contemporains au contraire d’une véritable culture nostalgique des conflits armés avec des monuments, expositions, mémoriaux, qui magnifient à profusion le « sang versé au nom de la patrie ».
Écoutez donc les paroles de la « Marseillaise », hymne national français, pour vous en rendre vraiment compte, alors que la « Marseillaise de la paix » serait un premier pas lucide vers une réelle prise de conscience, car, de toutes façons, tout conflit armé se termine irrémédiablement par un traité de paix.
En voici la preuve par le général de Gaulle lui-même qui déclara après la réconciliation : « Les œuvres de l’amitié remplacent pour toujours les malheurs de la guerre. »
Photos : Marie-Paule Peuteman
Musiques : La Marseillaise, YouTube 25 janvier 2008 et La Marseillaise de la paix, YouTube 26 mai 2016.